Le dynamisme d’un championnat se mesure le plus souvent à l’aune de l’affluence autour de ses matchs les plus emblématiques. Dans les pays développés sur le plan footballistique, un match, une affiche, une seule, attire l’attention de tous les passionnés. Concernés ou non concernés, une affiche Réal de Madrid vs Barcelone ne laisse personne en marge en Espagne. De même qu’un Galatasaray vs Fenerbache en Turquie. C’est chaud, c’est bouillant. Au Burkina Faso, ce type de match ou d’affiche a disparu, oui disparu, inutile de nous parler des derbys EFO vs ASFAY Y ou ASFB vs RCB. Ces derbys ont depuis belle lurette perdu de leur saveur, signe que le football burkinabè, en ce qui concerne son championnat local est à la croisée des chemins.
Il est loin le temps où le stade du 4 août faisait pratiquement le plein pour un match inter clubs. L’ASFA Yennenga n’avait-elle pas fait le plein de ce stade en septembre 1991 lors d’un match de quart de finale de Coupe d’Afrique des clubs?
Que dire de ce derby en coupe du Faso face à l’EFO qui avait enregistré plus de 9 millions de francs CFA comme recettes … Aujourd’hui, il est impensable, illusoire de croire qu’une telle recette puisse être enregistrée de nouveau dans un match opposant deux clubs burkinabè.
ll n’est point méchant de le dire, il suffit seulement de jeter un coup d’oeil au dernier derby entre l’EFO et l’ASFA Y. Avant match inexistant, rien dans la ville, aussi bien à Dapoya qu’à Bilbalogo. Pour le match, c’est à un petit match qu’il nous a été donné d’assister. Un derby, un grand et vrai, se voit dans l’engagement des joueurs, la passion qui se lit dans leurs yeux à chaque but, la ferveur des supporteurs, les maillots, les tifos, l’affluence… Sur tous ces points, ce derby n’a pas été au rendez-vous. Devrait-on pour autant en vouloir à ces deux clubs?
Oui une première fois, ils sont les plus grands, les plus titrés et les plus populaires …
Oui une leurs dirigeants sont ceux, qui le plus, ont dirigé les différentes instances et les comex de la Fédération.
Oui une troisième fois, ils ne sont jamais arrivés à mettre à jour leur logiciel de fonctionnement. Ces deux clubs devaient, aujourd’hui, imprimer une certaine vitalité à notre championnat.
Mais NON, le Burkina Faso visiblement n’est pas un pays de football, il faut le dire. Tout ou presque manque pour faire du Fasofoot un championnat de référence. Sponsoring, infrastructures, absence de marchés local de transfert des joueurs … Bref
NON, ces clubs évoluent dans un tissu économique inexistant, par la faute à certains endroits aux décideurs politiques qui n’ont jamais voulu faire du football un outil du soft power burkinabè. Le football burkinabè a eu, à moment, tendance à devenir une sorte de laboratoire pour politiciens en quête de positionnement ou de renouveau. A un moment le milieu s’est retrouvé infesté de gens, peu ou pas passionnés, profanes du sport et du football et donc potentiellement dangereux pour son développement.
NON, le championnat local fait, aujourd’hui, face à une rude concurrence imposée par les chaînes cryptées. Et à lui seul, il n’y peut rien, absolument rien.
Ce n’est pas pour être alarmiste, c’est juste une façon de tirer sur la sonnette d’alarme. Le football est un bizness, si nous ne l’intégrons pas, nous risquons d’avoir un championnat brinquebalant dans quelques années où L’EFO, l’ASFA Yennenga, le RCB, l’ASFB seront les stars de la Ligue 2 si tant est qu’ils arrivent à retrouver rapidement le nord et à honorer leur statut …