Kamou Malo : retour sur le parcours d’un “sorcier” bien né

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Inusable, imperturbable et surtout teigneux, Kamou Malo vient de prouver avec le deuxième titre de champion consécutif de l’AS Douanes qu’il était un entraineur à poigne. Ce titre, son quatrième en carrière après ceux acquis entre 2015 et 2017 au RCK propulse l’ancien entraineur de l’équipe de l’ex secteur 17 de Ouagadougou au panthéon des coachs de notre football.


Oui, l’ancien secteur 17, c’est bien là où tout a commencé par la plus petite des manières. Retiré des terrains après une finale de Coupe du Faso perdue (1991), Kamou Malo n’hésite pas à se lancer dans le métier d’entraineur. Il faut dire que le bouillant ancien sociétaire de l’ASFAPS ( aujourd’hui USFA) a de quoi tenir.


Première expérience, premier succès, avec l’ex secteur 17, Kamou Malo, qui n’est pas encore le “vieux” rafle la finale de la Coupe du maire de Ouagadougou. C’est la plus grande compétition de football de l’époque après le championnat national, la Coupe du Faso et la Coupe des leaders. Déjà à cette époque, le monsieur a le don de détection, il révèle Bèbè Dah, qui signera dans la foulée à l’ASFA Yennenga. C’est juste pour exprimer le talent du jeune homme et les espoirs que suscitent ses performances dans la Coupe du Maire.
Nullement intéressé par les projecteurs, Kamou Malo préfère mettre la lumière sur ses joueurs et se “cache” pour mieux travailler. Après l’ex secteur 17, Kamou Malo se retrouve dans la plus totale discrétion à Koudougou. D’abord à l’Aseck avant de rebondir au BPS. Avec les grenouilles, il a un devoir de redevabilité. Il évoluait dans le club lors de la relégation en deuxième division en 1988. Au BPS, Kamou Malo se montre à la hauteur du défi. Il n’avait pu empêcher la relégation du club en tant que joueur, il l’aide à revenir dans l’élite en tant qu’entraineur. Un sacré performance pour cet entraineur aussi méconnu que sous-estimé. Avec le BPS, comme avec l’ex secteur 17, Kamou Malo révèle des garçons comme Pierre Daïla, André et Simplice Yameogo.
Dans l’élite qui s’appelait encore la première division, Kamou Malo ne fait pas que jouer le maintien, il permet à son club, le BPS d’occuper la sixième position, bien loin de la zone rouge. Mais comme toutes les histoires d’amour, la relation finit souvent pas s’arrêter. Kamou Malo et le BPS se séparent. La séparation est douloureuse certes mais Kamou Malo ne tarde pas à rebondir.
C’est sur la pointe des pieds qu’il se retrouve au RCK, une équipe quelque peu décimée, marquée par la relégation une saison plus tôt et qui tente de retrouver l’élite. En deuxième division, les Faucons et Malo mènent les débats dans la poule A et retrouvent l’élite à l’issue de la saison 2010-2011.


C’est le début de l’ascension pour Kamou Malo et son inamovible 4-3-3 fait de jeu court et des sorties de balle depuis la défense. Le RCK 2011-2012 est séduisant avec des joueurs peu connus mais qui se révèlent efficaces. Diao, Sylla Mohamed, Roger Sirima et autre Abdoulaye Traoré manquent de peu la super division mais émerveillent lors de la finale de la Coupe du Faso. Grâce à un André Yameogo de gala, le RCK remporte la Coupe du Faso 2012 au nez et à la barbe du grandissime favori, l’ASFA Yennenga.
Le football burkinabè tombe sous le charme de cet entraineur atypique, peu conformiste et par moment trop bouillant sur son banc. Le mythe de la bouteille d’eau s’installe et Kamou Malo exprime clairement son potentiel. Toutefois, le mariage avec le RCK s’arrête en cours de saison 2012-2013, Malo, devenu entre temps “le vieux” pour ses joueurs rejoint l’AS Sonabel. Chez les électriciens, les résultats ne sont pas au rendez-vous et Malo, tel un sphynx retourne au RCK.
Avec les Faucons, la magie de la bouteille d’eau devient réalité. Kamou Malo survole la saison 2015-2016, remportant le championnat, la Coupe du Faso et bien entendu la Super Coupe AJSB. Le ras de marré est total, il est par la suite désigné meilleur entraineur par la Fédération burkinabè de Football, la reconnaissance nationale est entamée.
S’il conserve son titre de champion la saison suivante, Kamou Malo doit céder la Coupe du Faso. Une saison rendue difficile par la cruelle et douloureuse élimination en Ligue africaine des champions face à l’USMA. Malo se sent trahi et peu soutenu. En conférence de presse, il lâche ses vérités et appelle à plus de soutien de la part des acteurs du football burkinabè.
La consécration pour ce dénicheur de talent hors pair arrive en juillet 2019 où il est nommé sélectionneur des Etalons en remplacement de Paulo Duarte. Une fois de plus, Kamou Malo fait taire les sceptiques. Les Etalons sous sa coupe discutent et atteignent la demi finale de la CAN 2021 disputée en janvier-février 2022 au Cameroun. L’équipe burkinabè, la plus jeune du tournoi séduit. Des garçons comme Dango Ouattara, Edmond Tapsoba et Issa Kaboré flambent. Quoi que diminués, Issoufou Dayo et Bertrand Traoré tiennent parfaitement leur rang. Blati Touré et Adama Guira se révèlent bien plus que l’on attendait. Bref cette équipe est la sensation de la CAN. La fin douloureuse du match de classement face au Cameroun ne change rien, Malo tient entre les mains une équipe programmée pour faire mal.


Mais contre toute attente, la FBF décide de ne pas reconduire le contrat de Kamou Malo. Le public sportif est abasourdi, Malo se pose lui aussi la question du pourquoi. Mais le sphynx comme à son habitude, se relève et montre aux yeux du monde ce qu’il sait faire, fabriquer des champions.


Intronisé à la tête de l’encadrement technique de l’As Douanes en juin 2022, Kamou Malo permet aux gabelous de remporter les deux premiers titres de champions de leur histoire. Beau et surtout réconfortant. Un parcours digne des plus grands entraineurs du Fasofoot. Ce quatrième titre fait de lui le technicien le plus titré du 21è siècle. Quatre titre de champions, deux Coupe du Faso, une demi finale de CAN, c’est énorme alors que rien ne semblait lui être offert au début de sa carrière.


Une carrière forgé au prix d’un travail acharné. Pour Kamou Malo, il n’ y a pas de passe droit, seuls les plus méritants joueront. Son fils Patrick n’en dira pas le contraire.

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